Au cours d’une promenade habituelle au parc un soir d’automne, où le crépuscule brumeux enveloppe les arbres, une dame lit à voix haute.
Elle tient son livre comme un trésor, et tourne délicatement chaque page.
Sa voix douce et lumineuse perce la quiétude du lieu.
On croirait une illusion. Mais son timbre clair hypnotise la jeune femme qui se retourne pour l’écouter.
Ce n’est pas dans ses habitudes, et ni l’endroit approprié.
Son quotidien s’échappe. Elle ne peut résister à cette voix délicieuse qui la transporte hors du temps.
Dans la lumière tamisée, elle l’écoute, passionnée et envoûtée. De sa vie, elle n’avait entendu un tel enchantement !
Ni la lecture, ni le théâtre ne l’avaient soumise à tel point !
Paralysée sur place, ne pouvant avancer, essayant de se contraindre à ne plus l’entendre…………..Et pourtant, le livre ouvert, les mots se déversent, et glissent jusqu’à ses oreilles, capturant son âme.
Et la voilà prise au piège de l’histoire.
Cette situation surprenante la conduit dans les scènes sombres de la tragédie.
La lectrice absorbée dans sa lecture ne voit pas la jeune femme. Elle dialogue avec son histoire, et le doux carillon de sa voix résonne dans le parc silencieux.
A cette heure, les passants sont rentrés chez eux.
Seule, la jeune femme, figée en statue, se laisse imprégner de l’écho de cette voix harmonieuse.
Nul doute. A t’elle rencontré une elfe du moyen-âge ? Rêve-t’elle ?
L’humidité et le froid transpercent ses vêtements. Elle frissonne, le corps rigide, les jambes glacées………..
Et cette voix qui l’ensorcelle !
La brume la dissimule peu à peu. Son esprit s’enfuit et court après ce doux carillon. Elle vole, elle suit cette magicienne qui l’entraîne.
Le temps…………..l’espace d’un moment…………..
A t’elle rêvé ou a t’elle entendu la véritable voix de la lectrice ?
Elle est seule dans la pénombre.
Les feuilles des arbres bruissent, et un léger souffle de vent froid vient lui caresser le visage.
MC Eguimendia le 15 Octobre 2013